Rolland Garros

SENSATION : Ouanna sort Marat Safin !
Josselin Ouanna, 134e joueur mondial, a réussi l'exploit de la 3e journée de Roland-Garros en éliminant le Russe Marat Safin, tête de série numéro 20, en cinq sets et 4h34 de match (7-6 [2], 7-6[4], 4-6, 3-6, 10-. Le Français signe la plus belle victoire de sa carrière.


Il y a eu tous les ingrédients pour faire de cette rencontre entre Marat Safin et Josselin Ouana un spectacle. Un ancien n°1 mondial en pleine tournée d'adieux dans le rôle du provocateur, un jeune Français trublion qui parfait sa nouvelle peau, un Central loin d'être frileux malgré la fraîcheur de l'air (16°) et un scénario plein d'incertitudes jusque dans les dernières minutes d'un match long de plus de 4h30, remporté par celui qu'on n'attendait pas. Une réussite particulière donc pour Ouanna, qui a signé le plus beau succès de sa carrière en décrochant sa première victoire sur un membre du Top 25, et la deuxième en cinq sets après Marcel Granollers au tour précédent.

Du cran, le natif de Tours avait déjà prouvé qu'il en avait en ouverture de tournoi face à l'Espagnol. Il l'a confirmé dans son premier face-à-face avec son idole russe, du coup éliminée pour la troisième fois d'affilée au deuxième tour de Roland-Garros. Mené d'un break en début de premier set (3-1, puis 4-1), il a d'abord recollé avant de sauver deux balles de set sur son service (4-5) et de finalement s'imposer au tie-break (7-2 en 59'). Ses grands et puissants coups droits avaient déjà destabilisé le spécialiste de la terre battue dimanche, et trois jours après, l'ancien numéro 1 mondial a pu y goûter jusqu'à en mordre la poussière. Dépité, le Russe s'est crispé et a multiplié les fautes directes pendant les deux premières manches (39 fautes sur 75). « J'ai mal joué, j'ai joué de manière terrible. Noël c'était aujourd'hui, pas le 25 décembre !» a confié l'intéressé, encore agacé de sa prestation. Et puis... et puis le vent a tournée et Ouanna s'est vu trop beau dans les deux suivantes.


«JE NE ME RAPPELLE MÊME PAS DE LA DERNIERE BALLE DE MATCH»

«Quand j'ai les balles de break à 3-3 dans la troisième, je me dis que je suis tout proche de gagner... alors que pas du tout ! On m'avait dit qu'il était un peu court physiquement, alors je me suis dit qu'en gagnant les deux premiers sets j'y étais presque... Mais en fait, pas du tout !» s'est amusé le Français en conférence de presse. Les deux sets suivants ont défilé (6-4, 6-3) devant ses yeux et ceux d'un Philippe Chatrier aussi séduit par le jeu du Français que par les ultimes provocations de Safin à Roland-Garros. Quelques "olas" plus tard, Ouanna se procurait la première de ses quatre balles de match à 4-5 sur le service du futur retraité, qui foulait pour la 11e fois la terre de la Porte d'Auteuil. Première tentative avortée par un ace. Douze minutes plus tard, après 4h05 de match (5-6 sur le service du joueur de l'Est) c'est un coup droit échoué sur la ligne qui retardait la victoire du Français. Le filet le privait ensuite de sa deuxième victoire en Grand Chelem après 4h34' de partie (à 8-9). Et c'est finalement une énième faute de coup droit qui envoyait l'élève de Jérôme Potier vers un troisième tour coriace face à Fernando Gonzalez.

«Au bout de 3 ou 4 balles de match, j'ai eu l'impression que ce match n'était pas pour moi. A la fin, c'est une délivrance, c'est quatre heures et demi de tension qui tombent d'un coup. C'est encore mieux d'avoir gagné comme ça.» Peut-être encore plus beau quand il s'agit d'une victoire acquise face à un «champion qu'il admire» même si, euphorique, il avoue «ne pas se souvenir de la balle de match», ni souffrir physiquement de ces 8h16 passés sur le court en deux rencontres. Même s'il faut saluer la performance, la question mérite tout de même d'être posée.